Ce matin en me levant, je me suis aperçu que j’avais dormi sur un futon hors d’âge aux multiples cicatrices colorées. Aurais-je dormi dans un ancien lupanar? Restaurant en bas, salons privés en haut, certes les repas peuvent se prendre de façon privé, hum! De plus Satiko avait un regard de femme qui connaît les hommes, et surtout elle me tenait le bras un peu trop souvent. C’est la première fois que spontanément une japonaise (octogénaire quand même!) me touche volontairement. Je phantasmes peut être, je fais mes adieux au mari dont je ne vous ai pas parlé, tant il est insignifiant, corvéable au doigt et à l’œil, avec un regard de cocker impuissant.
LuC m’a bien fait comprendre, en partant, qu’il préférait se libérer dans un espace moderne.
Et hop je parts, et hop un vrai café 200m plus loin, luC en profite pour faire ses affaires.
Petite route dans les bois, des senteurs du matin et là je me dis, au risque de faire crier de jalousie mes lecteurs: « j’ai vraiment de la chance de profiter de ces moments, que c’est chouette ».
Le parcours pour les 60 prochains km est non pas de suivre la route 66, mais la 55 qui longe la côte. Hélas, à l’inverse de celle d’hier elle est plus que fréquentée. Qu’importe le bruit des véhicules, je marche et après un tunnel de 300m (bonjour le bruit!!!), sur ma gauche, un escalier encombré de petits branchages, et là devant moi la plage. Je laisse ma Chariotte, je descends les marches, je marche sur le sable et découvre cette immense plage, je suis seul, je crie à tue tête:
« C’est super, c’est magique ». Un pur instant de bonheur à en être ému!
Certains diront qu’il n’était que 8h du matin, rien d’extraordinaire d’être seul! Toi mon bonhomme, sache qu’il faut savoir apprécier les choses au jour le jour, et non pas chercher des bonheurs inatteignables qui seront source de frustrations, et vlan dans les dents!
Ma copine la pluie se joint à moi pour contrarier mes récentes émotions.
La pluie va m’accompagner toute la journée, alors je marche, je marche et hop un restaurant!
Joie simple de manger chaud et au sec. Comme je mâchouille lentement, que les japonais sont « speed », j’ai droit à deux rotations de voisins aussi bien à gauche que à droite.
Et hop je repars sous la pluie, soudain que vois-je une bande singes qui traversent la route,
J’ai à peine le temps de prendre une photo du dernier, qu’ils ont disparu.
Parfois des haltes pèlerins au sec le temps de reprendre des forces.
Je marche, la pluie, des supers paysages embrumés que je ne peux photographier hélas.
Les véhicules, les tunnels, la pluie, des paysages furtifs qui doivent être extraordinaires avec le soleil. Des surfeurs, insensibles à la pluie dansent sur les vagues.
La côte est très découpée, des ports cachés, des rochers blancs d’écume, mais pas de photo!
Bientôt 16h, mon équipe me fait comprendre qu’il serai bon de s’arrêter.
Depuis que l’empereur a annoncé son départ et les deux semaines de congé, tout est complet, archi complet et chaque jour c’est l’incertitude du couchage.
Alors je m’arrête à la première maison susceptible de m’accueillir. C’est un repaire de surfeurs, le maître des lieux, Ten, m’informe que tout est complet pas de place.
Comme il bredouille l’anglais, je lui demande s’il y a un lieu, au sec que je peux squatter?
Il en existe un juste derrière, super! Il me propose un café, me donne libre accès aux toilettes extérieures, et me propose de l’eau bouillante si j’en ai besoin!
À l’instant il m’apporte un thé et dans une heure, je me ferais des nouilles instantanées!!!!
Avec mes réserves, voilà un repas qui se prépare et ensuite au chaud dans mon sac de couchage avant la nuit.
Elle n’est pas belle la vie au Japon! Et l’hospitalité, ils sont adorables. La pluie vient de s’arrêter et demain le beau temps a l’air de revenir, quoi de plus en cet instant?