SKK 46

Il est 4h30 du matin, 21h30 en France.

Une pâle lueur lueur qui devient une lumière diffuse. Je suis devant ma large fenêtre donnant une vue extraordinaire sur toute la baie de Takamatsu avec surtout ce pont reliant Shikoku au continent.

Qu’il est bon parfois de séjourner dans un super hôtel avec une chambre tout confort de 30m2.

J’ai profité des sources chaudes en extérieur, quel plaisir parfois.

J’ai super bien dormi après cette folle journée d’hier.

Hier c’était un minuscule espace avec à peine de quoi faire entrer ma Chariotte, de plus « fumeur », avec les vagues restes de de tabac froid.

Je suis ici parce que c’était le seul endroit, au plus près de mon parcours d’aujourd’hui, mais aujourd’hui ce sera pour demain???????

Vous me suivez chers lecteurs ?

Revenons à ma journée d’hier avec une avalanche de Temples tout au long de cette chaude journée où j’ai marché seul sans rencontrer un seul pèlerin.

Départ de mon antre de fumeur invétéré, vers 7h avec tout de suite le Temple 75 Zentsüji, et presque son voisin le Temple 74 Köyamaji. J’ai tellement papoté avec la charmante personne des calligraphies que j’en ai oublié de verser mes 300 yens d’usage.

Je fais mon itinéraire en fonction de mon point de départ ce qui explique l’ordre inversé des Temples.

Je marche en ville, quelques soucis pour trouver mon chemin et hop le Temple 76 Konzöji.

Toujours dans la banlieue avec train, circulation, rizières, une heure plus tard le Temple 77 Dôryüji sans intérêt notoire et en regardant mon guide je m’aperçois que…. oui, c’est incroyable, j’ai dépassé les 1005 kilomètres !!!!

Je vous entends tous faire « bravo, super, félicitations, tu l’as bien mérité, etc…. ».

Mon équipe, elle, a bien senti tout cela et se réjouit plutôt de finir cette épreuve en fin de semaine car nous sommes déjà mardi.

Fini, votre feuilleton quotidien, fini l’exotisme, vous allez bientôt reprendre votre vie d’avant!!!!

Moi aussi d’ailleurs, arrêtons de penser à plus tard revenons à nos Temples et ce parcours de 25km, qui doit se terminer avant 17h au Temple 81, oui je ne me trompe pas de chiffre, c’est un impératif!

Des Japonaises m’arrêtent et m’offrent le thé, et voilà vingt minutes de papotage!

Je traverse certains quartiers déserts avec moult feux rouges et comme de bien entendu, j’ai tous les rouges « piétons ». J’attends patiemment comme un bon japonais.

Des routes, toujours et encore et me voici quand même au Temple 78 Göshöji un peu à l’écart de la ville.

Là, je rencontre un couple de japonais avec lesquels j’avais eu quelques conversations au Temple 66, perché dans les hauteurs. J’en profite pour leur demander de me réserver le seul hôtel idéalement placé pour la route de demain. C’est ok mais sans prestation dîner et petit déjeuner. Et hop je repars rapidement car l’heure tourne quand même.

Arrêt obligatoire au restaurant où j’ai dévoré mon plateau car mon équipe, vu l’effort demandé me demande des compensations culinaires. Pour une fois j’ai réussi à manger presque aussi vite que les japonais, d’habitude, je change deux fois de voisins.

Et hop je repars, la ville s’estompe un peu pour revenir aux rizières. J’avance tellement rapidement en étant dans mes pensées, que j’ai failli râler le Temple 79 Tennëji.

Faisons le point, il est 15h déjà, il me reste 7km pour arriver au Temple 81 Shiromineji.

Je dois faire quelques courses pour me nourrir ce soir, c’est juste mais ça doit passer!

Et hop, rizières, presque la campagne, le temps passe, je ne baisse pas la cadence, heureusement que le repas était bon, mon équipe ne me dit rien pour l’instant.

Soudain « MERDEEEEEEEEE », j’ai dépassé mon point de ravitaillement de plus de 2 km. Si je reviens en arrière, le Temple sera fermé, si j’avance, je n’ai rien à manger sauf un petit pot de nouilles instantanées jusqu’à demain midi…..cruel dilemme, que faire?

Ah la grande solitude des décideurs qui doivent réagir en quelques instants!

Un hôtel avec sources d’eau chaude, avec mon charme légendaire, ils vont bien avoir pitié d’un pèlerin affamé! Et hop je repars pour les trois derniers kilomètres indiqués sur mon guide.

Je prends la route en lacets et que vois-je sur le panneau indicateur routier ? 6km pour atteindre le Temple!

Je gueule comme jamais, « c’est quoi ce guide à la con, faire des erreurs de distance, c’est impensable, je n’y arriverais jamais 6km en une heure, non! ».

Je continue de rage et soudain dans un virage en épingle à cheveux, un panneau pour pèlerin marcheur indiquant un chemin « Temple 1 km », « hurrah un kilomètre en 25mn c’est du tout cuit ».

Le tout cuit, rapidement s’est révélé être un escalier de un kilomètre. Au début une marche tous les cinq mètres et au premier virage….. Quand j’ai vu ce cauchemar devant moi, je me suis dit: « Jean Alain, tu as vu? On ne voit même pas la fin !!!!! ».

Alors comme au Temple 12, j’ai commencé à monter marche par marche puisque de toute façon l’hôtel lui m’attendait après le Temple. La rage m’a pris, je ne pensais plus, j’étais une bête de somme, et hop je montais, ma Chariotte tressautait à chaque fois la pauvre! Et le temps passait minute après minute, marche après marche sur cet escalier, digne de figurer dans un film cauchemardesque.

Je transpirais, je montais une par une ces satanées marches. Ma Chariotte ne disait rien, mais vu ce rythme d’enfer, je redoutais le pire. Il faut bien de temps en temps que le matériel serve et souffre un peu pour arriver à mes fins.

Arrive le sommet, du plat sur 50m et hop encore une volée de marches, petite cette fois ci pas plus d’une cinquantaine. Je regarde l’heure sur ma tablette 16h55, serait ce la fin du calvaire?

Oui, miracle c’est le Temple!

« Je t’ai vaincu comme le Temple 12, moi le palmypedenbalade ». Miracle le Temple n’est pas fermé, et hop dégoulinant de sueur, le visage décomposé, j’arrive au bureau de la calligraphie avec le visage souriant du moine et hop ces beaux caractères glissent sous sa plume. Me voyant dans cet état, il m’offre une boisson fraîche. J’arrive quand même à passer quelques instants dans les lieux et hop je repars vers l’hôtel distant d´un bon kilomètre seulement.

J’ai réussi à avoir un repas pour le soir et de quoi manger demain matin en cours de route.

Après coup, le guide avait raison. C’est ma faute si je n’ai pas bien analysé mon parcours qui finissais en trekking sur un kilomètre.

3 commentaires sur « SKK 46 »

  • Houuuuai, quelle journée !! avec de la détermination, de l’endurance…et une équipe que tu as su convaincre (!) tu y es arrivé ….BRAVO à tte l’équipe réunie ! 🤗
    Vous avez gagné un séjour de repos au Mas Hélios à la date qui vous conviendra. Le Sieur Gérard, Dame Joëlle, leurs animaux réunis ainsi que les Moaïs vous y attendent avec impatience !!!!!!
    Mais pour le moment restez concentrés pour la finale (il reste qq kms encore). Pour nous ici çà va être la demi-finale puis la finale……….de Roland Garros à la télé !!!!
    À bientôt Amigo. 😘 de nous…..tous !

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  • EXPLOIT SPORTIF ……ça c’est vraiment un pélerinage …toutes les difficultés y sont reunies: parcours en montagne, souvent la pluie comme compagne , sentiers dangereux, temples culminant et escaliers interminables , l ‘ enfer » pour le corps…., efforts soutenus pour atteindre ces 88 temples !!!!….le bonus : l’ inconnu, curiosité pour la culture religieuse (plutot une philosophie de vie) et la culture artistique du japon traditionnel…… rencontres éphémères mais attachantes faites sur les chemins, générosité et gentillesse des habitants ….Par l’effort, par la marche, toi le HENRO tu as vecu au rythme des lieux sacrés, de sentiers isolés en grandes routes, de baies maritimes en piton rocheux, de col en col, de grottes en forets…….une boucle de 1400km autour de l’île!!!!!………nous sommes admiratifs fiers de toi AMI….;RESPECT !!!!!…..à demain ….:-))

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