SKK 18

Et hop à 5h45, je prends la route.

C’est la première fois que je pars aussi tôt avec un soleil qui va bientôt grimper au dessus des montagnes et me donner la direction à suivre avec mon ombre vers l’ouest.

Petites routes désertes, je passe par des rizières, des cultures maraîchères. De l’eau circule partout, quel système d’irrigation, c’est l’idéal quand enfin les montagnes laissent la place à une bande de terre de plusieurs kilomètres.

Au bout d’une bonne heure, le Temple 29 le Kokubuhji, une allée somptueuse bordée d’arbres centenaires, le calme du matin, petits jardins où la mousse a fait fuir les herbes.

Vu l’heure matinale, c’est désert, et hop je repars.

Que du bonheur de marcheur, de véritables chemins, j’avance dans des rizières à perte de vue.

Parfois, bref rappel à l’ordre quand je dois traverser des axes routiers.

Arrive le Temple 30, c’est grandiose, bizarrement désert. Au moment de la calligraphie, on me fait comprendre que le Temple est juste à côté, deuxième erreur de casting!

Peu à peu la ville revient et la concentration urbaine reprend le dessus. Il est vrais que l’île de Shikoku, plus petite que la Sardaigne, mais plus grande que la Corse, compte 4,5 millions d’habitants, regroupés essentiellement sur la côte quand la montagne en laisse l’espace entre elle et l’océan.

Avez vous remarqué comment mes connaissances sont étalées en quelques chiffres? Je me sens parfois investi d’une mission éducative!

Le manque de place, en ville se fait sentir partout, dans les constructions et même pour les voitures.

Par exemple, les voitures: pas de stationnement sauvage dans les rues car tout véhicule doit avoir son emplacement pour se garer. La taille des voitures me fait penser à des savonnettes sur roues avec leur nez retroussé. Depuis mon arrivée, je n’ai vu aucune voiture-poubelle tagée, crachant une fumée noire. Au feu rouge, c’est quasiment le silence car la plupart des voitures sont hybrides. Les poids lourds sont comme les voitures, d’une propreté exemplaire largement au dessus de celle de mon humble Renault Scénic.

Par contre, dans la campagne, quand un véhicule ne sert plus, il est correctement rangé servant de placard envahi par les herbes.

Où en étais-je…… ah oui, vers 11h, mon estomac se réveille, un grand supermarché, je fais mes courses et au rayon traiteur, pour 800 yens (6,5€) une soupe consistante, beignets croustillants de volaille et du riz.

Je pénètre peu à peu dans la ville et au « Tourist Information » on me trouve une sorte de Minshuku, un peu cher, mais c’est la ville et hop je déballe mes affaires pour une halte d’une journée.

Petite sieste, petite balade, au lit à 21h!

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Déjà 300 km et 28 temples

Autant hier la route 55 me semblait monotone, autant aujourd’hui ma matinée est passée trop rapidement tellement le parcours était agréable. En effet il empruntait l’ancien tracé de la voie ferrée sur une distance de 15km. Parcours plat, rouleur, calme, au milieu des maisons modestes, parfois même à la limite de la pauvreté. Une fois les maisons dépassées, il longe une plage déserte où le mur anti tsunami est petit et intégré dans la végétation. Quel bonheur de marcher au milieu des sapins en ayant l’océan constamment sur ma gauche.

Pour parfaire ce plaisir, cette partie de chemin abouti à un bord de plage aménagé comme une station balnéaire où enfin je vois des japonais occupés à louer des petits voiliers, occupés à des activités avec une multitude d’enfants.

Qui dit plaisir de la marche, dit plaisir de manger. Je remarque un restaurant et hop je me fais servir un plateau avec du poisson cru (légèrement grillé, cuisson bleu), d’une finesse, d’un fondant, j’en oublie même que c’est du poisson tellement c’est succulent.

Pour digérer, retour sur la ville, le temps commence à changer, grisaille, je marche et trouve le « Ekingura Muséum » que je voulais absolument visiter, un peu de culture quand même!

Drôle de destinée pour cet artiste en son temps. Vous connaissez sûrement ses œuvres saisissantes, crues, pleines de couleur surtout le rouge.

Je ressors, après le rouge, ma copine la pluie me montre le gris humide sur la route 55 jusqu’au temple 28. J’avoue avoir laissé ma Chariotte au bas des 400 derniers mètres devant une boutique de cadeaux avec l’accord des responsables.

À mon retour, je profite de les remercier pour leur demander de téléphoner pour un Minshuku.

Justement en face, c’est possible. En voyant la propriétaire arriver, je me suis dit que je n’avais peut être pas tirer le bon numéro! Mal habillée, le visage bouffi, un regard légèrement glauque, il ne manque plus que le mégot de cigarette mal éteint. Elle me demande de payer, hum, hum! Nous traversons la rue, elle, trainant les pieds. Elle Me montre ma chambre, ouf c’est mieux que je ne le pensais. C’est standard, propre, une baignoire pour moi tout seul, du linge ayant beaucoup servi mais portable.

Je vais me coucher de bonne heure car j’envisage de partir aux aurores pour atteindre la capitale de la préfecture Kōchi, et souffler une journée pour mon équipe qui me la réclame.

SKK 16

Journée banale sans plus.

Après un petit déjeuner japonais je reprends la route plutôt ma nationale 55.

Bifurcation dans la montagne pour le Temple 27.

Ayant examiné la carte avant mon départ, j’avais constaté qu’il y avait un soupçon de trekking que je pouvais esquiver en prenant la route. Mais aujourd’hui cerise sur le gâteau, c’est la même route pour redescendre! Alors……vous comprenez l’astuce, le truc, le machin, qu’allais-je faire pour m’épargner une fatigue supplémentaire? Tout simplement j’ai confié, au bas des 3,5 km, ma Chariotte à une japonaise et sa maison voili voilà en veux-tu des idées aussi géniales?

Une heure de montée quand même, un répit le temps d’une calligraphie et deux heures plus tard je retrouvais ma Chariotte bien à l’ombre.

Et hop un trajet banal le long de ma nationale 55, avec un soleil qui tape fort. Heureusement, je détrempe ma serviette, me la mets, dégoulinante sur la tête et l’immobilise avec ma casquette elle aussi pleine d’eau.

Le trajet, ces derniers temps, est chiant, ennuyeux, chaud, entrecoupé de rares épisodes de verdure montagneuse, bref un trajet ponctué de calligraphies. Vivement que les japonais reprennent le travail afin que je puisse voir revivre ces villages déserts.

Je marche mais aussi j’observe. La chose la plus impressionnante c’est la prévention des tsunamis.

La musique que j’entends chaque jour au minimum à midi est d’après moi destinée à vérifier la sono qui sûrement, en cas cas d’alerte, doit fonctionner.

Partout il y a des plans d’évacuation, des panneaux montrant où sont les abris pour se réfugier, qui sont, en ville, d’énormes constructions métalliques et sûrement des promontoires de la montagne lorsque celle ci affleure le rivage.

Bref une information visuelle au top.

Il faut surtout voir les digues de géants des ports, les brises lames et partout sur la côte un mur-digue qui serait comparable au mur de l’Atlantique de la seconde guerre mondiale.

Alors voici quelques photos qui expliquent pourquoi les plages sont tristes sans aucune animation surtout après le tsunami de 2011.

SKK 15

Je parlais hier d’un Minshuku-hotel de bas de gamme, c’est vrai.

Maintenant, dès mon arrivée, je le sens. La propreté ambiante, l’accueil, l’état des locaux et surtout si on me demande de payer de suite de peur, peut-être que je reparte après réflexion.

Qu’importe, je le savais en entrant. Ce que je n’avais pas encore pratiqué dans ce genre de lieu, c’est le bain à plusieurs. J’étais seul, je m’étais douché avant de me mettre dans la baignoire bi-place. Entre une personne qui s’assoit pour se doucher (c’est comme cela au Japon) il avait dans la main un linge, le savonne activement……regarde le travail accompli……c’est son slip!

Dans tous les bains japonais, c’est interdit de faire sa lessive! Il se lève, et sans se doucher entre dans la baignoire. Heureusement que celle-ci était trop remplie, il risque de la faire déborder!

Alors, tel un ressort bien tendu, je sors de l’eau lui laissant la place, bien content de ne pas partager son milieu aquatique.

Toute la nuit, une escadrille de moustique m’a harcelé, me faisant lever à cinq heures et là, que vois-je, une bombe insecticide que j’aurais du voir à mon arrivée.

Départ vers sept heures vers le Temple 25. J’applique ma stratégie d’économie d’effort en empruntant la route pour monter (200 m de dénivelé), et la descente piéton pour redescendre.

3 km d’une lente montée au pas du montagnard, à l’ombre et hop en une heure, je suis arrivé.

Douce ambiance d’un lieu dans la forêt, avec quasiment personne.

Je repars, par un chemin un vrai chemin, bordé d’arbres, entre les mini rizières, les petits champs.

Je marche sur de l’herbe, youpi, pas de bitume. Oh! Je marche sur de la terre, quel plaisir sur un bon kilomètre, je retrouve mes plaisirs de SJC quand je marchais dans la campagne.

Et hop une bonne descente dans les bois sans trop de rochers mais des cailloux pas plus gros que des boules de pétanque, dangereux car instables. Évidemment j’adopte ma position sécurité en me dé-harnachant et en tenant ma Chariotte devant moi, j’ai de l’expérience quand même!

Arrivé en bas, le long de ma nationale 55, j’ai une sensation étrange…..quelque chose n’est pas normal….. soudain, je réalise que je n’ai ni monté ni descendu une seule marche pour cette ascension, incroyable! Toi le Temple 25, tu mérites toute ma reconnaissance. Et hop je marche avec le flot incessant des japonais en vacances. Les rares aires de stationnement en bord de mer sont prises d’assaut par les autochtones avides de pic niquer sur les rochers.

Parfois l’itinéraire conseillé nous fait passer par l’ancienne route à quelques mètres, me faisant découvrir des curiosités locales.

Il commence à faire très chaud. Sur la route une bâtisse tout en longueur, avec des personnes qui entrent ou qui sortent. Intrigué, j’entre alors dans un mini marché de producteurs locaux, je fais quelques emplettes et « on the road again ».

Il fait chaud, je marche, j’avale les kilomètres et vers 14h, j’arrive à Nahari-Town peut avant le Temple 26. Mon équipe fatiguée me conseille vivement de m’arrêter. Au mini office du tourisme, un japonais qui semblait assurer l’accueil, pas très doué pour les initiatives, arrive enfin après mes incitations, à téléphoner à un hôtel et hop une chambre de libre hélas « fumeur ».

Le budget journalier va en prendre un sacré coup, tant pis, au moins un endroit confortable pour faire reposer ma carcasse. Un vrai bonheur ce bain de l’hôtel, j’ai fait un traitement spécial bulles et jets pour mes gambettes fatiguées.

À huit heures je dormais.

SKK 14

Petit déjeuner japonais avec d’autres pèlerins japonais, nous papotons et ils me mettent en garde pour les temples 45 et 60. Dès le matin rien de tel pour me mettre en forme.

Début de matinée sous le soleil, alors pour en éviter les effets néfastes, je me suis mis une serviette blanche sur la tête maintenue par ma casquette.

De la route, de la circulation, beaucoup de motards en bandes dont énormément de Harley, un bord de plage avec rochers. La brume monte, grosse chaleur étouffante, je bois beaucoup et je fais pipi souvent. 

« Jean-Alain avec tes détails urinaires, il y aurait peut être d’autres choses plus intéressantes, non ? ».

Chers lecteurs, le fait d’honorer dame nature ou TOTO, prouve que mon organisme est hydraté malgré la chaleur et l’effort physique de la marche, ce qui évite les crampes, ou pire peut déclarer une infection nah!

Après 17 km d’effort un Bouddha géant et 100m plus loin, une timide pancarte pour le Temple 24.

Je savais bien que je pouvais prendre la route mais un besoin irrésistible m’a fait prendre les marches. Pour résumer: un dénivelé de 200m, que des marches, 45mn, imaginez le reste.

Cela m’a cassé à l’heure du déjeuner et pour le reste de la journée.

Le Temple par lui même, rien d’extraordinaire à part la fréquentation importante.

Descente sur l’autre versant par la route et hop un parcours dans les maisons désertes au triste standing. Je crois que personne ne veut investir dorénavant sur des terrains dangereux.

Je cherche désespérément de quoi manger, alors, je suis mon guide et arrive sur le port à croire que toute la ville s’y était donné rendez vous!

Une sorte de rassemblement sympathique avec spécialités locales cuisinées sur place. Il ne reste quasiment plus rien, j’arrive à prendre une sorte de soupe de poisson et un super riz.

Et hop, je repars, une heure de marche et arrivée au temple 25.

J’avoue avoir renoncé à voir une partie du temple, la photo vous dira pourquoi.

Mon équipe me conseille de m’arrêter dans ce village de pêcheurs.

Attention, on pourrait imaginer vu la photo, des restaurants avec terrasse, des lieux de rencontre, que nenni. Il y a ces bateaux et rien autour de touristique.

Je trouve une sorte de Minshuku-hotel de bas de gamme, qu’importe, je peux me doucher et dormir tranquille en ayant dîner seul dans ma chambre.

Quelle différence avec hier, ce sont les aléas du périple!

SKK 13

Ainsi donc des lecteurs, sans doute subjugués par ma prose (je les comprends, moi aussi j’aime ma prose!), plutôt que d’aller à la pêche sur le site, se sont tout simplement abonnés. Quelle excellente initiative, un article paraît et hop ils en sont immédiatement informés! Comment ont-ils fait ? Regardez bien le site, c’est très simple. « Allez, allez, on s’inscrit, plus vite que ça!!!!!! ».

En préparation un article sur les tsunamis.

Pour ceux qui suivent sur une carte, depuis le début du périple, j’étais dans la première des préfectures celle de Tokushima, depuis peu dans celle de Köchi, vous patienterez pour les suivantes.

Qu’il est doux de dormir presque à la belle étoile, vu que je ne la voyais pas! Trois côtés sans mur mais un toit quand même! Qu’il est doux le son lointain des vagues et celui tout proche d’une hordes de moustiques motivés par le sang du gaijin. J’ai réussi à ne laisser que l’orifice de mon nez, pour tout angle d’attaque, le reste du corps bien protégé.

Debout à cinq heures, je range mes affaires, petites commodités personnelles et hop à 6h pétantes comme dans tous les villages, le son mondialement connu de Big Ben retenti. C’est aussi à 12h et 18h, vous ne le saviez pas? Moi non plus, cela vous surprend, je crois qu’il y a derrière cela une cause de sécurité, laquelle, vous le saurez plus tard.

Ce n’est pas évident de remettre des chaussures encore humides et garder sur soi le linge de la veille encore imprégné des senteurs de pluie mêlées aux émanations corporelles de l’effort!

Ah que j’aime décrire cet aspect olfactif de mon périple!

Évidemment Ten m’offre un café bien chaud. Super rencontre, nous nous quittons après l’avoir chaudement remercié de tous ces gestes d’accueil et de sympathie.

Et hop je reprends ma nationale 55 sous un super soleil, ma copine la pluie doit être occupée ailleurs. Qu’il est doux de voir la mer de si près en marchant et de prendre enfin quelques photos!

Les surfeurs sont déjà sur leur planche.

Alors je marche, je marche, des voitures, du soleil qui commence à chauffer bigrement.

Tiens encore un singe, et là, oh un serpent plus effrayé que vindicatif.

Un village de pêcheurs, un petit supermarché, quelques courses car la cambuse est presque vide.

Toujours la route, pas de maisons sur des kilomètres, les plages de rochers ou de galets, mais pas de sable, l’océan mais pas trop près.

Presque 6h de marche, la chaleur, une petite fatigue d’une nuit agitée et courte, de rares adresses où dormir jusqu’au Temple 24 (encore 20 kilomètres), alors je tente le premier des Minshuku, choux blanc!

Je passe devant une plage pleine de surfeurs, du soleil, du sable et moi qui cherche un abri pour la nuit, peut être sans douche encore une fois. Ah me dis-je, ce sont les aléas du pèlerin!

Deuxième tentative, c’est plein de monde, tentons quand même, même si tous les japonais sont en vacances. L’astuce que j’emploie c’est de demander une chambre sans dîner. J’ai remarqué qu’il est difficile de contrarier l’organisation sans doute militaire d’une cuisine, pas d’improvisation culinaire.

Ça marche, youpi, ma douche approche, mais comme il n’est que 13h, on me demande un délai.

Qu’à cela ne tienne, je vais réaliser un fantasme qui trotte dans ma tête depuis 3 jours….ah ah ah?

Je ne vous dit pas tout même si ma prose est abondante!

Je laisse ma Chariotte, je retire mes chaussures, je retire la partie mollet de mon pantalon, on me prête des mules en plastique et hop j’y vais!

Je traverse la nationale et 200m plus loin, je retourne à la plage des surfeurs. Je descends sur la plage de galets, puis sur le sable gris, les vagues me disent « tu en auras mis du temps pour mettre les pieds dans l’eau », et là le plaisir intense de marcher sur le sable en ayant les pieds rincés à l’eau de mer!!!

Mes pieds dégustent le fait de s’enfoncer dans le sable et non plus de ressentir le choc dur du bitume.

L’eau est tempérée et peu salée, vu le petite rivière qui se jette, juste à côté, dans l’OCEAN PACIFIQUE!!!!!,

Oui mon fantasme était de mettre les pieds dans l’eau de l’Océan Pacifique nah!

Je construis de façon éphémère un « smiley » pour un clin d’œil du palmypedenbalade!

Je reviens à mon Minshuku , j’occupe ma chambre, une bonne douche, lavage des affaires, je joue avec de jeunes enfants japonais, les parents me questionnent . J’allais préparer mon repas du soir, et hop les deux couples de japonais m’invitent à déguster différentes choses cuites sur le barbecue. Cela continue, la patronne de l’établissement discrètement m’offre mon repas du soir, bref que de bonnes choses aujourd’hui.

Demain grande étape de 30 kilomètres pour enfin dépasser le fameux Temple 24!

SKK 12

Ce matin en me levant, je me suis aperçu que j’avais dormi sur un futon hors d’âge aux multiples cicatrices colorées. Aurais-je dormi dans un ancien lupanar? Restaurant en bas, salons privés en haut, certes les repas peuvent se prendre de façon privé, hum! De plus Satiko avait un regard de femme qui connaît les hommes, et surtout elle me tenait le bras un peu trop souvent. C’est la première fois que spontanément une japonaise (octogénaire quand même!) me touche volontairement. Je phantasmes peut être, je fais mes adieux au mari dont je ne vous ai pas parlé, tant il est insignifiant, corvéable au doigt et à l’œil, avec un regard de cocker impuissant.

LuC m’a bien fait comprendre, en partant, qu’il préférait se libérer dans un espace moderne.

Et hop je parts, et hop un vrai café 200m plus loin, luC en profite pour faire ses affaires.

Petite route dans les bois, des senteurs du matin et là je me dis, au risque de faire crier de jalousie mes lecteurs: « j’ai vraiment de la chance de profiter de ces moments, que c’est chouette ».

Le parcours pour les 60 prochains km est non pas de suivre la route 66, mais la 55 qui longe la côte. Hélas, à l’inverse de celle d’hier elle est plus que fréquentée. Qu’importe le bruit des véhicules, je marche et après un tunnel de 300m (bonjour le bruit!!!), sur ma gauche, un escalier encombré de petits branchages, et là devant moi la plage. Je laisse ma Chariotte, je descends les marches, je marche sur le sable et découvre cette immense plage, je suis seul, je crie à tue tête:

« C’est super, c’est magique ». Un pur instant de bonheur à en être ému! Certains diront qu’il n’était que 8h du matin, rien d’extraordinaire d’être seul! Toi mon bonhomme, sache qu’il faut savoir apprécier les choses au jour le jour, et non pas chercher des bonheurs inatteignables qui seront source de frustrations, et vlan dans les dents!

Ma copine la pluie se joint à moi pour contrarier mes récentes émotions.

La pluie va m’accompagner toute la journée, alors je marche, je marche et hop un restaurant!

Joie simple de manger chaud et au sec. Comme je mâchouille lentement, que les japonais sont « speed », j’ai droit à deux rotations de voisins aussi bien à gauche que à droite.

Et hop je repars sous la pluie, soudain que vois-je une bande singes qui traversent la route,

J’ai à peine le temps de prendre une photo du dernier, qu’ils ont disparu.

Parfois des haltes pèlerins au sec le temps de reprendre des forces.

Je marche, la pluie, des supers paysages embrumés que je ne peux photographier hélas.

Les véhicules, les tunnels, la pluie, des paysages furtifs qui doivent être extraordinaires avec le soleil. Des surfeurs, insensibles à la pluie dansent sur les vagues.

La côte est très découpée, des ports cachés, des rochers blancs d’écume, mais pas de photo!

Bientôt 16h, mon équipe me fait comprendre qu’il serai bon de s’arrêter.

Depuis que l’empereur a annoncé son départ et les deux semaines de congé, tout est complet, archi complet et chaque jour c’est l’incertitude du couchage.

Alors je m’arrête à la première maison susceptible de m’accueillir. C’est un repaire de surfeurs, le maître des lieux, Ten, m’informe que tout est complet pas de place.

Comme il bredouille l’anglais, je lui demande s’il y a un lieu, au sec que je peux squatter?

Il en existe un juste derrière, super! Il me propose un café, me donne libre accès aux toilettes extérieures, et me propose de l’eau bouillante si j’en ai besoin!

À l’instant il m’apporte un thé et dans une heure, je me ferais des nouilles instantanées!!!!

Avec mes réserves, voilà un repas qui se prépare et ensuite au chaud dans mon sac de couchage avant la nuit.

Elle n’est pas belle la vie au Japon! Et l’hospitalité, ils sont adorables. La pluie vient de s’arrêter et demain le beau temps a l’air de revenir, quoi de plus en cet instant?

SKK 11

La patronne du Minshuku a tenu à m’offrir le café avant de partir.

Que du bonheur de pouvoir marcher le long du bord de mer, un petit village de pêcheurs, une petite route dans les bois comme je les aime au lieu du mini parcours trekking proposé. À mi-chemin je croise des pèlerins trekkeurs et je les accompagne dans leur descente.

Palmypedenbalade échaudé tire ses leçons du T12. Désormais si je le peux, j’utilise les pentes plus ou moins douces pour monter, et la pesanteur dans les descentes à faire pâlir les trekkeurs tant ma dextérité les impressionne. Et vlan, ma Chariotte et moi formons un duo d’enfer depuis SJC (Saint Jacques de Compostelle pour les non initiés).

Arrivée au Temple 23, en limite de ville, à flanc de colline, la vue sur la ville est imprenable.

Salutations, calligraphie, un restaurant à 800yens, des courses pour deux au cas où et hop maintenant le prochain temple, le 24…….

La distance entre les Temple est aléatoire. Le minimum est de 300m, et le temple 24 est à…….. non je ne me trompe pas, à 80 km! Si vous suivez mon périple sur une carte de l’île, je suis au sud-est et je commence à descendre, le long de la côte vers le cap Muroto

Je pensais suivre une côte avec des plages comme la promenade des Anglais à Nice, je crois qu’il n’en sera rien. La montagne boisée plonge à pic dans la mer et la route que je suis cet après-midi est une route nationale des plus calmes (10 véhicules à l’heure) en retrait à 100 ou 500m du rivage, montant ou descendant lentement dans de larges méandres. Parfois des vues magnifiques de vagues s’écrasant sur les rochers. La plupart du temps, du bitume avec à ma droite la montagne qui me tombe dessus avec ses énormes filets qui la retient et à gauche, soit encore des filets ou alors la montagne qui me laisse tranquille et plonge à pic. De l’eau partout, des sources sortant des roches à n’en plus finir, humidité à 90%, et de plus, ma copine la pluie s’invite.

Longue marche de 17 kilomètres, seul, aucune habitation, parfois des aires d’observation avec toilettes et distributeur de boissons. Peu de photos aujourd’hui, brume, crachin, pluie. Cela ne m’empêche pas de chanter mes classiques…. oui je chante quand je suis seul…..je satisfais mon besoin viscéral, au moins personne ne me dit d’arrêter. Chanter aussi faux que moi, à un tel degré de professionnalisme, cela devient de l’art oui! Je vois que vous êtes avides de m’entendre. Mes tubs de jeunesse: chevaliers de la table ronde, Janeton, Perrine était servante, un canard moi j’aime bien les canards, le grenadier de la Garde Impériale etc…

Mes tubs récents: Amsterdam, et mon préféré….. j’aurais voulu être un artiste, et là je me donne à fond pour vider la salle de karaoké, pleine à mon arrivée!!!!!

Fatigué, trempé, j’arrive quand même à Mugi, le désert sous la pluie. D’après mon plan je me dirige vers un Minshuku, je vois un pèlerin s’y engouffrant. À priori c’est complet, mais Satiko, 80 ans, l’esprit alerte, m’accepte. J’entre alors dans ce qui fut un restaurant avec un certain désordre disons quand même un certain carpharnaüm, avec une atmosphère bizarre. On me fait comprendre qu’il n’y a pas de dîner, qu’importe un petit centre commercial en face me prend 1500 yens de courses pour un repas copieux car mon corps me le réclame.

Les autres occupants montent à l’étage et moi j’attends sagement. On me fait comprendre que je peux manger maintenant, alors je dîne tout seul sous les yeux curieux de Satiko, elle me parle, et avec ma tablette traductrice nous échangeons quelques propos.

Arrive enfin le moment où on me montre ma chambre qui sert de rangement d’objets de toutes sortes. Mon kimono s’est transformé en une vieille tenue de jogging usée à la corde, les WC minuscules avec luC qui reconnaît les ancêtres de TOTO, le bain… oui c’est un bain…plus que rudimentaire. Ce qui me dérange dans tout cela c’est la propreté générale. C’est négligé, pas vraiment sale, mais sale tout de même, mais qui aurait besoin d’un réel nettoyage de fond. C’est la première fois depuis mon arrivée, que l’état de propreté me dérange vu les sommets d’hygiène observés.

SKK 10

Grignotage du petit déjeuner avec thé japonais bien chaud.

Je croise Tetsuya, Il est donc arrivé hier à pied en haut au Temple 21. Il reprendra de la haut pour continuer à pied jusqu’au Temple 22. Il utilise le téléphérique simplement en aller retour pour loger en bas. La haut il n’y a rien et nous allons le découvrir.

Nous, les trois marcheurs sur route, nous continuerons en bas. Nous utilisons le « cable-car » simplement pour visiter le Temple 21 et redescendre.

Dans la lente montée sur 600m, je n’ose imaginer le calvaire des marcheurs. Quel dénivelé, quel panorama et peu avant l’arrivée, au loin, très loin, la côte vers laquelle nous nous dirigeons pour la suite du périple.

Ah ce temple, un seul sentiment pour le décrire: harmonie totale entre la nature et l’homme. C’est un tout entre la végétation, les marches en pierre, les temples posés au milieu d’arbres gigantesques. Tout s’imbrique, pas de fausse note, une sérénité totale, on aimerait bien s’imbiber de cette atmosphère plus longtemps mais le téléphérique nous ramène sur la route.

Nous récupérons nos affaires et hop après 20 mn de marche arrêt dans une mini supérette pour compléter le petit déjeuner.

Comme je marche plus vite qu’eux, je quitte Geneviève et Stan que je reverrais peut être.

Je marche, je marche, bords de routes fréquentées, tunnels où heureusement un mini trottoir m’assure une sécurité minimaliste.

J’observe les frondaisons des arbres qui moutonnent de façon anarchique un peu comme un…. choux fleur. Excusez cette comparaison entre ce que je vois et ce que j’essaie de décrire.

Soyons plus poète, un peu comme ces gros cumulo-nimbus bien joufflus. Aïe, maintenant il manque la couleur, disons que cela va du vert tendre au brun foncé nah!

Regardez les estampes japonaises et vous comprendrez, leur origine d’inspiration.

À nouveau des routes paisibles et hop vers 13h j’arrive au Temple 22.

Évidemment Tetsuya est là épuisé par ce chemin d’enfer. Nous papotons, je lui laisse les coordonnées du blog et hop je repart. Il me rattrape car il doit prendre son bus sur mon trajet. Le pauvre, fatigué, je le distance aisément. Je m’arrête, cette fois-ci des au revoir définitifs et hop c’est reparti.

Marcher à deux, pour ceux qui le désirent, peut être un calvaire pour celui qui va le plus vite. Cela peut devenir, source de discorde.

Ensuite un petite route comme je les aime, de la mousse au milieu, des arbres dont des forêts de bambous qui voudraient la protéger, et pas une voiture sur cinq kilomètres.

Nouveau des grands axes et ma copine la pluie en redemande la garce!

Heureusement que je suis préparé avec ma Chariotte qui elle, va tester sa nouvelle imperméabilité.

Deux heures de pluies moyennes et hop soudain un panneau indicateur plus que curieux!

J’avance toujours, il va être 16h, je m’arrête dès que possible.

À une mini gare et sa minuscule boutique de vente, je demande de l’aide et hop en cinq minutes, on me trouve un Minshuku, mais sans le dîner. Qu’importe j’achète des nouilles deux concombres et avec les restes du petit dej de ce matin cela fera bien l’affaire.

Pour le dernier kilomètre de la journée, surprise, malgré la grisaille, une plage!!!!!

Youpi, le voilà enfin l’océan pacifique.

Ce soir, j’ai fait mes comptes. Avec mes nuitées gratis, en comptant uniquement l’hébergement, la nourriture souvent light, le spectacle, le téléphérique, la moyenne est de 6500 yens par jour, soit un peu plus que 50€.

SKK9

Enfin une vraie journée de marche!

Depuis le début de SKK, je comptais faire au moins 25km par jour. Avec tous ces petits désagréments la moyenne est….. on s’en fout après tout! Je ferais mes 88 temples et basta!

Petit déjeuner à 6h30, comme j’étais réveillé de bonne heure, ma chariotte était prête à bondir!

7h00, départ sous le soleil, la pluie annoncée ne viendra pas aujourd’hui, c’est de bonne augure.

8h00 et hop, je sors du Temple 19 situé à 4km, et roule ma poule!

Mon équipe m’informe que tout va bien à condition de s’arrêter toutes les deux heures pour grignoter quelque chose.

On dirait une maison en construction!

Pour le paysage, au départ toujours des rizières, ensuite des cultures maraîchères, et vers onze heure début de l’ascension par la route, vers le Temple 20. J’ai oublié de prendre la photo du panneau indicateur mentionnant à gauche à pied 3km, à droite en voiture 5km! Je croise un japonais parlant anglais, Tetsuya nous nous disons au revoir, et peut être nous retrouverons nous là haut. Deux heures quand même, d’une longue ascension avec le pas lent du montagnard, sur une route bien pentue. Ah ces voitures avec ces pèlerins habillés de blanc, je suppose que plusieurs d’entre elles m’ont vu deux fois, en montant et en descendant. Qu’importe, moi je suis un vrai, comme du temps où les voitures n’existaient pas. Je la mérite ma calligraphie, moi! D’ailleurs elle devrait comporter une mention spéciale, je vais essayer la prochaine fois.

À mi parcours le chemin des marcheurs croise la route des voitures. Je retrouve mon japonais bien fatigué, séance de photos, nous nous donnons rendez-vous en haut.

Sympa ce Temple 20, surtout cet oiseau qui m’a subjugué par sa posture.

Évidemment Tetsuya arrive second, il repartira avant moi car je fais une pause déjeuner méritée.

Un moine bouddhiste est vivement intéressé par ma Chariotte.

Je ne redescends pas par la route mais par le chemin des marcheurs, des centaines de marches. Qu’il est doux de ne pas les avoir montées et de profiter au maximum de la pesanteur.

Je n’avais pas l’intention, pour l’ascension du temple Temple 21, de remonter par les marches, mais de profiter d’un téléphérique y accédant depuis le bas de la vallée. Le prix physique à payer est de 10 km pour y arriver, je m’en fous, il vaut mieux une route plane qu’une difficulté T12 nah!

Je le vois enfin ce téléphérique, je demande à l’hôtesse si elle peut me réserver une chambre là-haut. Tout est réservé peut être plus loin à une heure de marche après le Temple!!!!!

La solution à 16h et 30 km effectués, hein ? Vous vous voyez au Japon sans rien pour dormir?

La solution c’est simplement, ici en bas, à 20m dans un minshuku, une immense chambre de 25 m2, sans le dîner, mais avec bain à 1700 yens!

Évidemment, dans le même établissement, Tetsuya!!!!

Je peux laver mon linge, qui commençait à s’entasser, elle n’est pas belle la vie !!!!!

Pour le dîner, j’ai toujours de quoi me nourrir.

Qu’il était bon ce bain, mon équipe a salué la prouesse de trouver où dormir alors que tout est complet à cause des jours de vacances occasionnés par l’abdication de l’empereur.

Geneviève et Stan sont un couple de hollandais, lourdement armés de sac à dos, lui 1,88m, elle, 1,58m. Ils sont là pour une semaine et viennent de commencer à marcher depuis le Temple 13, les veinards! Nous avons papoté, je suis reparti en ne pensant ne plus les revoir vu leurs 3 km de trekking à venir!

J’avais pris mon bain, je repasse par la réception par hasard, ils étaient là exténués. La réceptionniste leur disant que c’était complet!!!! Réflexe de pèlerin, je fais comprendre que je peux partager ma chambre, ouf la réceptionniste est d’accord!

Heureusement que le destin m’a fait repasser à l’accueil, ah les mystères de SKK!!!!!!

Nous grignotons dans le salon et au lit.