Et hop à 5h45, je prends la route.
C’est la première fois que je pars aussi tôt avec un soleil qui va bientôt grimper au dessus des montagnes et me donner la direction à suivre avec mon ombre vers l’ouest.
Petites routes désertes, je passe par des rizières, des cultures maraîchères. De l’eau circule partout, quel système d’irrigation, c’est l’idéal quand enfin les montagnes laissent la place à une bande de terre de plusieurs kilomètres.
Au bout d’une bonne heure, le Temple 29 le Kokubuhji, une allée somptueuse bordée d’arbres centenaires, le calme du matin, petits jardins où la mousse a fait fuir les herbes.
Vu l’heure matinale, c’est désert, et hop je repars.
Que du bonheur de marcheur, de véritables chemins, j’avance dans des rizières à perte de vue.
Parfois, bref rappel à l’ordre quand je dois traverser des axes routiers.
Arrive le Temple 30, c’est grandiose, bizarrement désert. Au moment de la calligraphie, on me fait comprendre que le Temple est juste à côté, deuxième erreur de casting!
Peu à peu la ville revient et la concentration urbaine reprend le dessus. Il est vrais que l’île de Shikoku, plus petite que la Sardaigne, mais plus grande que la Corse, compte 4,5 millions d’habitants, regroupés essentiellement sur la côte quand la montagne en laisse l’espace entre elle et l’océan.
Avez vous remarqué comment mes connaissances sont étalées en quelques chiffres? Je me sens parfois investi d’une mission éducative!
Le manque de place, en ville se fait sentir partout, dans les constructions et même pour les voitures.
Par exemple, les voitures: pas de stationnement sauvage dans les rues car tout véhicule doit avoir son emplacement pour se garer. La taille des voitures me fait penser à des savonnettes sur roues avec leur nez retroussé.
Depuis mon arrivée, je n’ai vu aucune voiture-poubelle tagée, crachant une fumée noire. Au feu rouge, c’est quasiment le silence car la plupart des voitures sont hybrides. Les poids lourds sont comme les voitures, d’une propreté exemplaire largement au dessus de celle de mon humble Renault Scénic.
Par contre, dans la campagne, quand un véhicule ne sert plus, il est correctement rangé servant de placard envahi par les herbes.
Où en étais-je…… ah oui, vers 11h, mon estomac se réveille, un grand supermarché, je fais mes courses et au rayon traiteur, pour 800 yens (6,5€) une soupe consistante, beignets croustillants de volaille et du riz.
Je pénètre peu à peu dans la ville et au « Tourist Information » on me trouve une sorte de Minshuku, un peu cher, mais c’est la ville et hop je déballe mes affaires pour une halte d’une journée.
Petite sieste, petite balade, au lit à 21h!
Parcours plat, rouleur, calme, au milieu des maisons modestes, parfois même à la limite de la pauvreté.
Une fois les maisons dépassées, il longe une plage déserte où le mur anti tsunami est petit et intégré dans la végétation. 
Quel bonheur de marcher au milieu des sapins en ayant l’océan constamment sur ma gauche.

























La brume monte, grosse chaleur étouffante, je bois beaucoup et je fais pipi souvent. 












Certains diront qu’il n’était que 8h du matin, rien d’extraordinaire d’être seul! Toi mon bonhomme, sache qu’il faut savoir apprécier les choses au jour le jour, et non pas chercher des bonheurs inatteignables qui seront source de frustrations, et vlan dans les dents!



















Deux heures quand même, d’une longue ascension avec le pas lent du montagnard, sur une route bien pentue. Ah ces voitures avec ces pèlerins habillés de blanc, je suppose que plusieurs d’entre elles m’ont vu deux fois, en montant et en descendant.
Qu’importe, moi je suis un vrai, comme du temps où les voitures n’existaient pas. Je la mérite ma calligraphie, moi! D’ailleurs elle devrait comporter une mention spéciale, je vais essayer la prochaine fois.


